FOOTBALL OUMAR

Un international au FC Sens : Oumar Thimbo, « Maurabitoun » sénonais

Le footballeur Sénonais Oumar Thimbo, habitué des joutes de DH, vient de disputer un match de la CAN avec la Mauritanie! Une belle histoire, due en partie au hasard.
Lorsque l’on répertorie les internationaux A évoluant dans l’Yonne, on pense immédiatement aux Auxerrois Cissé, Kapo et Mexès (France), Fadiga et Faye (Sénégal), Tainio (Finlande) et autre Benjani (Zimbabwe). Désormais, il ne faudra pas oublier le Sénonais Oumar Thimbo qui a porté le maillot mauritanien pour la première fois le 13 octobre dernier, lors d’un Togo — Mauritanie comptant pour les éliminatoires de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations).
Un souvenir encore tout frais dans l’esprit de l’Icaunais d’adoption : « Au moment de l’hymne national, c’était quelque chose! C’est vraiment là que l’on sait que l’on joue pour son pays. Le cœur bat fort, fort, fort, très fort. Et puis, le stade était plein. »
De quoi impressionner le novice qu’il était? « Non, ça donne envie de jouer car on est obligé de faire un bon match ! Il ne faut pas décevoir… » Au bout des 90 minutes, la déception sera pourtant présente avec une défaite 1-0.
« Non, non, on n’était pas déçu, corrige Oumar Thimbo. Car on perd sur une tête du Messin Adebayor suite à un corner. Mais dans le jeu, on a fait jeu égal avec une des très belles équipe d’Afrique. Au pays, tout le monde croyaitqu’on perdrait 4 ou 5-0. Le staff technique, qui n’en était qu’à son deuxième match après celui perdu 2-0 contre le Cap Vert, était satisfait de notre prestation et de la mienne. Physiquement, je n’ai pas eu de problèmes, même si ça va évidemment bien plus vite qu’en DH. J’ai joué milieu défensif axial où je me sens plus à l’aise que dans le couloir comme à Sens. C’est donc encourageant pour l’avenir. »

« Je n’ai débuté en club qu’à 16 ans »

Un avenir que les responsables du football mauritanien aimeraient voir ressembler à celui du voisin sénégalais. I« Il y a de nouveaux dirigeants, un nouveau sélectionneur, explique ThimboI. On ne vise pas vraiment la qualification pour la CAN, dans un groupe difficile avec le Cap Vert, le Kenya et le Togo. Le foot mauritanien est en reconstruction, pour devenir compétitif d’ici quelques années. Car il y a de très bons joueurs au pays mais les infrastructures manquent pour travailler comme il faut… »
Oumar, depuis son arrivée en France en 1992, avait perdu de vue le football local qu’il suivait assidûment « quand j’étais petit car mon père était dirigeant du club Air Mauritanie ». Cela ne l’a pas empêché de se fondre immédiatement dans la sélection, qui ne compte que quatre « expatriés » : les frères Sidibé (l’un est à Pontivy en CFA, l’autre à La Vitréenne en CFA 2) et l’ancien pro de Gueugnon Ahmed Dabo (qui vient de signer à Choisy-le-Roi en CFA 2). « On a le sens de l’accueil au pays. En plus, pas mal de joueurs sont issus de mon quartier de Nouakchott où j’ai toujours joué dans la rue. »
Ce n’est d’ailleurs que deux ans après son arrivée en France, à Gien, qu’il signera sa première licence dans le club local. Moins de deux ans plus tard, l’entraîneur giennois Josip Zatella (une « figure » footballistique aujourd’hui à Cosne) le fait débuter en CFA 2. « Avec lui, puis avec Guezet, j’ai beaucoup travaillé tactiquement. Ça m’a bien servi en sélection. » C’est donc à Gien que Joël Guezet, tout juste nommé entraîneur du FC Sens en juillet 2001, viendra le chercher. « Il me connaissait de l’époque où il entraînait Orléans » explique Oumar Thimbo qui en est donc à sa deuxième saison dans le club sénonais où il est également emploi-jeune. « Cela me permet de passer mes diplômes. J’en suis à l’animateur seniors et à l’initiateur 2. »

Pas de maillot souvenir

Oumar a bien fait de quitter le Loiret pour l’Yonne car il doit indirectement sa sélection à l’un de ses équipiers sénonais. Et directement à un sacré concours de circonstances! « C’est même un coup du hasard, explose de rire ce jeune homme attachant en racontant l’anecdote. J’accompagne Youssef Mendy à Paris et il me dit qu’il connaît un ancien international mauritanien. Comme j’ai la double nationalité, on plaisantait souvent sur le fait que je pourrais un jour jouer pour la Mauritanie. Bref, on rencontre ce monsieur qui me dit que le sélectionneur Moussa Kassoum est à Paris pour la journée. Il m’a mis en contact avec lui. Et le sélectionneur m’a rappelé pour que je participe au stage d’une semaine au Mali avant le déplacement au Togo… »
A quoi tient des fois un destin de footballeur! Oumar Thimbo espère lui franchir un palier : « Je ne me prends pas la tête. Je recherche le plaisir et je joue pour jouer. Le foot, c’est ma passion. Mais cette sélection peut être un tremplin, on apprend beaucoup de choses en match international. Tout footballeur vise à jouer plus haut, à être compétitif. Je n’ai que 24 ans, je ne suis pas vieux! »
Pour l’instant, c’est le FC Sens qui profite de ses services, Oumar ayant déjà inscrit trois buts cette saison. Mais un coin de son esprit est resté auprès des « Maurabitouns », surnom de la sélection : « Je prends les choses comme elles viennent car je n’ai encore rien prouvé. Mais les dirigeants m’ont rappelé, m’ont prévenu que le prochain match était en mars prochain. C’est énorme, ça donne déjà envie de rejouer! Et puis, c’est une telle fierté pour la famille restée au pays… »
Une famille à qui il n’a même pas pu donner le maillot de sa première sélection. Le staff technique les a récupérés pour un prochain match!

Oumar Thimbo en bref
Né le 27 avril 1978 à Nouakchott (capitale de la Mauritanie).
1,85 m, 77 kg.
À Sens depuis juillet 2001. Avant : Gien (1996-2001